Coaching inter ou multiculturel ?

A l’heure de la mondialisation, il est de plus en plus fréquent d’avoir affaire à des entreprises dont l’activité est divisée entre deux pays, voire plus, et chapeautée par un troisième. Ce schéma multiculturel se répand pour des raisons économiques avant tout, dans la mesure où les entreprises n’hésitent plus à externaliser pour diminuer leur frais de production et proposer des produits ou services à des tarifs toujours plus concurrentiels sur le marché mondial.

C’est ainsi, que l’on a vu apparaître un nouveau type de management : le management multiculturel. De prime abord, il est aisé de comprendre que ce type de management est encore plus complexe.

En effet, à la difficulté initiale du management classique - à savoir, la gestion d’une équipe - s’ajoute celle de la multitude des nationalités qui implique, à son tour, une pluralité de cultures.

Or, qui dit culture, dit différence. Et la différence est loin de faciliter la tâche du manager, bien au contraire, elle engendre des divergences, des incompréhensions, des quiproquos.

En fait, il serait plus approprié de parler de «différences culturelles» puisqu’elles se manifestent à plusieurs niveaux et notamment :

Le rapport au temps.

le rapport à la hiérarchie.

La définition de la notion d’équipe ou de groupe.

Le rapport au travail.

Le management multiculturel doit tenir compte de toutes les particularités qui caractérisent les membres de l’équipe, sans négliger l’impact de la différence de culture sur le comportement de chacun.

En effet, la diversité au sein d’une équipe composée de plusieurs nationalités crée, forcément, un choc culturel, même si tous les collaborateurs viennent de pays appartenant au même continent ou à la même zone.

A titre d’exemple, les Européens du nord n’ont pas la même civilisation, ni la même culture que les autres Européens du sud et cette différence de comportements et de mentalité engendrera, inéluctablement, des divergences que le manager doit savoir contenir, voire dépasser, pour faire progresser son équipe et l’aider à atteindre les objectifs fixés.

Bien entendu, plus les pays d’origine des employés sont éloignés, plus les différences s’accentuent. Mais elles ne sont pas, pour autant, insurmontables.

Outre les qualités personnelles et le savoir-faire que le manager multiculturel doit posséder, il existe des formations spécialisées qui permettent à ces managers de développer leurs compétences et leur aptitude à gérer des équipes aussi hétérogènes et par conséquent, des relations très complexes.

Coaching interculturel

Mon expérience a été d’accompagner des entreprises dans les pays du Moyen-Orient, du Golf et du Maghreb pendant une dizaine d’années. En tant que coach, j’interviens autant dans le secteur privé que public. En France comme à l’étranger j’accompagne les dirigeants et leurs équipes à la fois sur la gestion de délégation, de projets multiculturels et d’organisations, mais également sur la supervision des processus d’accompagnement de l’organisation en tant que superviseure professionnelle. 

 

On assiste ces quelques dernières années à un important développement  du coaching dans cette région du monde. Dans sa version anglo-saxonne pour les pays du Golf est le Moyen-Orient, avec une approche "plus à la française" du  côté les entreprises du Maghreb.  Les  dirigeants, particulièrement les plus jeunes, commencent à comprendre que la performance seule ne suffit plus au développement d’un système d’organisation. La dimension humaine commence à faire l’objet d’une attention particulière. Les équipes deviennent peu à peu un essentiel à mettre au centre comme une priorité pour le développement et la pérennisation des entreprises.

 

Dans la  culture traditionnelle de ces pays arabes, l’ancêtre était porteur de  la règle et de la loi et donnait la direction à suivre  dans tous les systèmes qu’il s’agisse de la famille, de l’ordre social ou de l’entreprise. Le sage qui prodiguait conseils, accompagnement et transmissions de savoirs être comme des savoirs faire. Des événements récents des printemps arabes, les manifestations pacifiste de la jeunesse algérienne, celles de Jordanie et, plus récemment, celle qui a poussé le Président Saad Hariri à démissionner. Tous ces événements montrent l’effritement des vieilles institutions tant géopolitiques que sociales. Les organisations de travail suivent ce mouvement sociétal.

 

La majorité des pays arabes sont portés par une jeunesse qui a besoin de laisser de côté les vieux schémas qui n’ont plus lieux d’être à leurs yeux. C’est leurs manière de  trouver leur identité en tant que groupe social et culturel dans des pays qui cherchent leur place dans ce monde en effervescence et en mutation. L’individualisme pousse les traditions aux abîmes du passé. Les rassemblements citoyens se donnent à voir dans toutes les strates de la société. Les nouveaux modèles d’influences dans le cadre des entreprises restent paradoxalement la vielle Europe et les Etats-Unis  qui, d’après Bertrand Badie* "...perd de son hégémonie face au monde ...  même s'ils ne cessent de s’effriter chaque jour un peu plus ... "

 

Les demandes de coaching émanent surtout des entreprises internationales alors que les entreprises locales sont plus réticentes aux changements. Les coachs les plus crédibles, des seniors dont l’expertise n’est plus à prouver, viennent de l’Occident.

*Bertrand Badie expert en relations internationales, professeur émérite des universités à Sciences Po, auteur de «  L’hégémonie contestée » Editions Odile Jacob